questions/réponses
Wallen : Le R&B du cœur
Elle est timide, réservée, et même quelque peu effacée. Loin des clichés du 93... Dans A force de vivre, son premier album, Wallen livre un R&B tout en nuances. Elle écrit ses textes comme elle parle : sensuelle sans aguicher, sensible sans tomber dans le mélo. Au final, Wallen redonne à la soul music son sens originel : la musique de l’âme.
Tu as plus de 23 ans. Peux-tu nous parler de ton enfance ?
Mes parents m’ont inscrite toute petite dans une école privée à Bobigny. J’ai fait du violon et du chant. Le chant m’a tout de suite plu. Quand j’étais triste, je chantais ! C’était comme un exutoire à la douleur.
C’est pour cela que tu as choisi de te lancer dans la musique ?
Faire de la musique, c’est venu tout à fait naturellement, petit à petit, sans véritable déclic. J’ai passé mon bac avant de partir en quête d’une maison de disque et d’un producteur-compositeur. J’ai fait des jingles sur la radio TSF, pur l’émission Wake up diffusée le lundi soir. On m’a ensuite proposé de venir chanter au Divan du Monde, une petite salle au pied de Montmartre. Là-bas, j’ai rencontré Tino, qui m’a présenté à Sulee B Wax. Maintenant, c’est Sulee qui produit mes chansons.
Comment l’idée de faire un album est-elle venue ?
D’abord, l’expérience en studio a été capitale pour moi : ce n’est pas facile de poser des refrains, de doubler sa voix. Ces choses techniques s’apprennent sur place. J’ai eu la chance de me roder sur des compilations, d’imposer mon nom dans le hip-hop. Dès les premières maquettes avec Sulee, on pensait à un album, mais c’est devenu concret en signant avec Atmosphériques parce qu’on nous en donnait effectivement les moyens. J’ai d’ailleurs eu du mal à trouver quelqu’un pour signer parce que je n’ai pas une personnalité qui correspond à la bimbo chanteuse de R&B. Mes textes racontent autre chose.
Est-ce que tu considères cet album comme un défi à relever ?
Oui, dans le sens où je veux montrer que l’on peut s’imposer, être efficace dans son travail tout en restant soi-même, en étant quelqu’un de posé, de naturel. On a toujours cette image de chanteuse extravertie, malléable, que l’on habille de la tête aux pieds, qui n’a jamais rien à dire et qui s’entend avec tout le monde. Ça ne me ressemble pas et je n’ai pas envie de jouer ce rôle.
Qu’est-ce que tu aimes dans ce métier ?
Je suis une artiste passionnée par ce que je fais, sincère. Je ne fais pas ce métier pour les à-côtés, les paillettes, la promotion, l’exposition médiatique. J’aime mon travail, aller en studio, écrire. J’aimerais beaucoup diriger quelqu’un d’autre en studio, l’aider à se poser, lui faire profiter de mon expérience. C’est même une priorité pour moi par rapport à un nouvel album.
Tu as été influencée très jeune par le R&B ?
Bien sûr, c’est mon influence première, avec R. Kelly et tous ceux qui gravitent autour de lui, mais j’écoute aussi beaucoup Jacques Brel, de la musique classique, du rap. J’aime bien tout ce qui est beau ! Et des belles chansons, il y en a dans tous les styles. Il suffit de capter l’émotion.
Qu’est-ce que tu voudrais que l’on retienne de tes chansons ?
J’essaie de transmettre une force pour affronter au mieux la vie. Mon vécu dans mon quartier et ma banlieue peut servir à ceux qui vivent la même chose. Je parle de ma vie au quotidien. Il faut être dur avec soi-même, ne pas rêver, mais se donner les moyens de réaliser ses ambitions. C’est facile de critiquer les institutions, la vie que l’on a dans les quartiers, mais il faut aussi savoir relever la tête.
Que penses-tu du R&B américain ?
Ce sont eux qui ont inventé ce courant. C’est bien qu’il y ait de plus en plus d’artistes de qualité. Notre oreille s’y habitue, et cela va nous obliger nous, artistes français, à être les meilleurs possibles pour jouer dans la même catégorie. C’est important de faire des choses de qualité, de placer la barre très haut en prenant les Américains pour modèle. Le R&B fait partie du mouvement hip-hop, de cette culture. C’est pour ça que je voulais des invités sur mon album. Shurik’N, Sté ou Arsenik, font le lien rap, donc avec le hip-hop.
Quels sont tes projets ?
D’abord suivre la promotion de mon album. Comme je l’ai dit, je ne suis pas très pressée d’enregistrer un nouvel album. Et puis, je dois faire une apparition sur le prochain disque de Sulee B Wax, qui sortira en janvier. En fait, Sulee a proposé une mélodie à chacun des artistes qui travaillent avec lui. Ce sera une sorte de compilation, mais bien homogène. Je dois aussi enregistrer un titre avec mon mari, Malik, du groupe NAP, qui sort bientôt son album solo. A part ça, j’espère pouvoir prendre un peu de temps pour moi et ma famille avant de reprendre le chemin des studios.